Domenico Terrana

Dessins de Domenico Terrana

Le rat et la grenouille

Dessin au bic

Un rat de terre, pour son malheur, se lia d’amitié avec une grenouille. Or la grenouille, qui avait de mauvais desseins, attacha la patte du rat à sa propre patte. Et tout d’abord ils allèrent sur la terre manger du blé ; ensuite ils s’approchèrent du bord de l’étang. Alors la grenouille entraîna le rat au fond, tandis qu’elle s’ébattait dans l’eau en poussant ses brekekekex. Et le malheureux rat, gonflé d’eau, fut noyé ; mais il surnageait, attaché à la patte de la grenouille. Un milan, l’ayant aperçu, l’enleva dans ses serres, et la grenouille enchaînée suivit et servit, elle aussi, de dîner au milan.

Même mort, on peut se venger ; car la justice divine à l’œil sur tout, et proportionne dans sa balance le châtiment à la faute.

Ésope (Traduction E. Chambry)

Les Coqs et la Perdrix

Dessin au crayon

Un homme qui avait des coqs dans sa maison, ayant trouvé une perdrix privée à vendre, l’acheta et la rapporta chez lui pour la nourrir avec les coqs. Mais ceux-ci la frappant et la pourchassant, elle avait le cœur gros, s’imaginant qu’on la rebutait, parce qu’elle était de race étrangère. Mais peu de temps après ayant vu que les coqs se battaient entre eux et ne se séparaient pas qu’ils ne se fussent mis en sang, elle se dit en elle-même : « Je ne me plains plus d’être frappée par ces coqs ; car je vois qu’ils ne s’épargnent pas même entre eux. »

Cette fable montre que les hommes sensés supportent facilement les outrages de leurs voisins, quand ils voient que ceux-ci n’épargnent même pas leurs parents.

Ésope (Traduction E. Chambry)

Le Forgeron et son Chien

Un forgeron avait un chien. Quand il forgeait, le chien dormait ; mais quand il se mettait à manger, le chien venait se mettre à ses côtés. Le forgeron, lui ayant jeté un os, lui dit : « Malheureuse bête, toujours endormie, quand je frappe mon enclume, tu dors ; mais quand je remue les mâchoires, aussitôt tu t’éveilles. »

Les gens endormis et paresseux qui vivent du travail d’autrui se reconnaîtront en cette fable.

Ésope, VII-VIe siècle av. J.-C. (traduction E. Chambry).